L'ostinato est un procédé de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau.
L'ostinato est souvent basée sur la basse — basse contrainte, soutenue ou obligée — on parle alors de basso ostinato. Les chaconnes, les passacailles et les grounds sont des modèles du genre. On trouve l'ostinato dès le XIIIe siècle et on le retrouve en Angleterre au XVIIe siècle sous le nom de Ground Bass.
Le Canon en ré majeur pour trois violons et une basse continue de Johann Pachelbel ou le Boléro de Ravel représentent les archétypes de l'ostinato. Bach et de nombreux compositeurs baroques utilisent des ostinatos, notamment dans les suites de danses, ainsi que certains compositeurs de musique moderne comme Erik Satie. Par son caractère insistant et parfois lancinant, l'ostinato peut être de nature inquiétante. Ainsi, l'explosif ostinato des altos dans le troisième mouvement de la Symphonie n° 8 de Chostakovitch sert de base à cette impressionnante toccata orchestrale rageuse et d'une grande violence réaliste ou encore le thème lancinant du film Les Dents de la mer composé par John Williams.
Ce procédé est l'un des éléments de base du courant minimaliste ; il est par exemple repris par Philip Glass dans Glassworks. Il constitue aussi un élément rythmique important pour les percussions dans la musique latino-américaine, la bossa nova, la samba, ainsi que dans le jazz et le rock depuis les années 1960.
Chez Keith Jarrett notamment, l'ostinato constitue un procédé fréquemment utilisé dans l’œuvre improvisée. On retrouve dans certaines prestations -les cinq "Sun Bear Concerts" enregistrés au Japon en 1976 en témoignent largement- des basso ostinatos entêtés voire têtus, qui peuvent paraître à première écoute longs ou ennuyeux, mais qui façonnent au demeurant tout le génie créatif et le lyrisme le plus abouti de l'artiste, et rendent de ce fait ses variations et transitions plus contrastées. L'ostinato est aussi un moyen pour Jarrett d'accéder par une sorte de processus hypnotisant à la transe tant appréciée des improvisateurs contemporains.
C'est ce dispositif qui est aussi utilisé par la section rythmique dans l'album Melody Nelson, ce chef d’œuvre de Serge Gainsbourg orchestré par Jean-Claude Vannier, en lui conférant une atmosphère particulière de suspicion ou d'attente fiévreuse au fil du récit. (Avec une basse ronflante, mixée très en avant ; et une batterie au son caractéristique des sixties.)
Vous pouvez vous amuser à les retrouver avec le jeu du pendu